Je t'attendais depuis si longtemps

Chaque matin dès le réveil je surveillais, par la fenêtre, dans l'espoir de voir éclore le tout premier pavot blanc. C’est qu’il se laisse désirer le coquin. Des jours et des jours se sont écoulés depuis l’apparition de la première cabosse.

Ce matin, surprise ! La fleur s’était épanouie. Une belle grande fleur blanche avec un cœur d’une beauté indescriptible.

J’ai vite agrippé mon appareil photo et je suis sortie en courant. Que t’es belle! Mais que t’es belle! lui disais-je en la photographiant de haut, d’en bas, de gauche, de droite, de près, de loin. T'es tellement belle !

Ce n’est qu’en me retournant pour rentrer que j’ai vu, juste là, tout près, sur le balcon d'à côté, mes nouveaux voisins qui regardaient dans ma direction les yeux écarquillés, la mâchoire décrochée. 

J’ignore si c’était parce que je parlais aux fleurs, que je faisais 180 photos de la même fleur ou si c’était parce que j’étais toute écouettée, en pyjama léger.  

Je ne les ai pas salués, j'ai même pas souri, je suis rentrée dans la maison aussi vite que j'en était sortie.

Comme première impression, c’était raté ou inusité, au choix!

Ce soir (habillée convenablement), je suis retourné voir le pavot blanc. Étrangement, il avait refermé ses pétales sur son coeur. Comme s'il avait tiré une couverture pour la nuit. Ou se cachait-il ainsi de peur que j'apparaisse une fois de plus trop peu vêtue? Je sais pas.